8 mai - Pour Ecolo, le vieillissement, une préoccupation transversale

ECOLO

Questions préélectorales – Politiques liées au vieillissement


 

Elections mai 2019

L’évolution démographique de la population et le nombre croissant de personnes âgées, voire très âgées, est une préoccupation transversale dans les analyses et projets politiques d’Ecolo. Mais cette préoccupation du vieillissement ne doit pas concerner que celles et ceux qui ont dépassé l’âge de la pension.

Les politiques de Gestion des Ressources Humaines, des aménagements de carrières, des formations des travailleurs tout au long de cette carrière, les politiques de bien-être au travail et de protection des travailleurs sont indispensables pour que vieillissement ne soit pas synonyme de mise à l’écart progressive, de disqualification vécue.

La qualité de vie, l’image de soi, la qualité de la santé des aînés dépend de la manière dont leur vie a pu se dérouler durant toutes les étapes de l’existence. C’est pourquoi Ecolo a fait tant et tant de propositions au sein du Parlement fédéral (via Georges Gilkinet et Muriel Gerkens notamment) sur ces thématiques du bien-être au travail et du rôle de la médecine du travail, d’accès à la formation pour tous les travailleur.euse.s au delà de 45 ans, du « plan Tandem » qui permet la diminution progressive du temps de travail d’un.e aîné.e conjuguée à l’engagement d’un.e jeune, d’actions sur les déterminants de la santé : lutte contre la pauvreté, augmentation des revenus d’allocations et de salaires minimum, plan intensif de construction de logements de qualité accessibles et adaptables aux évolutions de la vie des individus et des familles, lutte contre les pollutions atmosphériques extérieures et intérieures, politiques alimentaires et agricoles qui limitent au maximum les expositions aux substances chimiques toxiques, …

Les inégalités de revenus, de santé, de vie se traduisent par des inégalités de la durée de vie et de la qualité de vie de toutes et tous.

 

De manière plus spécifique et en réponse à vos questions plus précises

CONCERNANT LE LOGEMENT, LES LIEUX DE VIE ET LES FORMES D'AIDE ET DE SOINS

Ecolo défend des politiques qui visent à permettre à toutes et tous de vivre le plus longtemps possible là où ils et elles souhaitent vivre et où ils et elles peuvent participer à la vie sociale et sociétale. C’est ce pour quoi nous avons plaidé lors des discussions au Parlement wallon au sujet de l’assurance autonomie : elle doit pouvoir couvrir une majorité de situations différentes.

C’est pourquoi les politiques de logements adaptés et adaptables sont tellement importantes : le maintien au domicile des aînés ne peut en aucun signifier de les maintenir dans une pièce du rez-de-chaussée de leur maison où on regroupe lit, table, chaise, TV, évier … avec passage souvent trop bref d’intervenants. Les pouvoirs publics ont la possibilité de développer et de soutenir des formules permettant des habitats partagés, intergénérationnels complémentairement au développement de services d’aide et de soin organisés sur base territoriale de quartiers ou communes rurales afin que les habitant.e.s de ces territoires en situation de dépendance ou de besoin d’aide et de soins soient connus, aidés et inclus dans les politiques, sociales, culturelles, associatives et sportives.

Le recours prématuré aux maisons de repos est aujourd’hui problématique car malgré les obligations de projet de vie, il faut bien constater qu’un trop grand nombre de ces structures manquent d’ouverture sur le monde extérieur qui les entoure et offrent trop peu de véritables projets de vie partagés. Le développement grandissant de structures purement commerciales est également à combattre car des services de qualité accessibles ne riment pas avec un objectif de bénéfice voire de la spéculation. Mais lutter contre ce phénomène implique que les Régions organisent leurs budgets et priorités de politique sociale pour investir dans les lieux d’accueil de jour, de répit, de résidence et de soins via des structures publiques ou associatives agréées. Choix qui est clairement celui d’Ecolo.

Nous pensons vraiment que la combinaison de politiques de logement, d’organisation territoriale des offres en aide et en soins au domicile comme dans les structures spécialisées peut permettre qu’une personne vieillissante ne recoure à un hébergement résidentiel que quand elle en aura le besoin, ni trop tôt, ni trop tard.

Enfin, ces politiques adaptées et évolutives nécessitent que les droits sociaux, les allocations et l’accès aux aides soient entièrement individualisés et indépendants des formes de vie et compositions des ménages.

 

CONCERNANT LES AIDES ET LA QUALITE DES SOINS

Ecolo privilégie des soins de proximité en réseau avec un médecin généraliste référent, un pharmacien référent, des aides et des infirmiers au domicile qui travaillent avec la personne et son réseau familial et social ainsi qu’avec l’ensemble des services existants. La formation de ces intervenants au vieillissement de la population et à ses implications doit être améliorée et développée dans toutes les disciplines.

Ecolo plaide également pour une réforme travaillée collectivement de l’organisation des professions de la santé (ex AR78 – loi 2015) qui intègre l’évolution des pratiques, des actes, des compétences nécessaires, des pluridisciplinarités, des pratiques groupées et des nouvelles professions à développer en lien avec l’évolution des besoins en soins de santé liée à l‘évolution de la population. Cette réforme doit s’accompagner d’une réforme de la nomenclature, du financement des actes intellectuels, d’une harmonisation des rémunérations ‘justes’ des - et entre les - spécialisations médicales, d’une évaluation dynamique et permanente des besoins en spécialisations en lien avec les évolutions de la population et des réalités territoriales. Les médecins spécialisés en gériatrie font clairement partie de ces spécialisations médicales sous-valorisées, sous-rémunérées et en pénurie par rapport aux besoins.

Muriel Gerkens, Députée fédérale Ecolo et Présidente de la commission Santé de la Chambre jusqu’en octobre 2018, est également intervenue à plusieurs reprises auprès de la Ministre de la Santé pour défendre les dynamiques des « protocoles 3 » et des interventions en milieu de vie d’équipes spécialisées et coordonnées ainsi que les pratiques de réseau auprès des personnes en perte d’autonomie. Mais il est clair que ceci devra être retravaillé d’une manière structurelle et plus réflexive : comment y associe-t-on le médical, les soins infirmiers, le soutien psychologique, le travail avec le réseau familial qui s’épuise ? jusqu’où faut-il repousser le recours à une structure MR-MRS ? comment éviter les effets pernicieux des subsides sur la prise en charge des personnes concernées ?

La réforme des hôpitaux, le développement de soins extrahospitaliers, le raccourcissement des séjours hospitaliers, les besoins en soins intégrés pour ces personnes vieillissantes présentant des polypathologies chroniques, les besoins en lieux de court séjour, de répit, de centres de jour : toutes ces évolutions devront être abordées lors de la formation des différents gouvernements, vu les entrelacements de compétences et la nécessité d’aller au-delà des frontières entre le « care » et le « cure », entre les niveaux pouvoirs compétents/subsidiants et entre les compétences d’un même niveau de pouvoir car il s’agit de politiques transversales. C’est en tout cas dans cette optique qu’Ecolo veut aborder de futures négociations éventuelles.

Enfin, n’oublions pas les aidants proches. Ecolo a travaillé de manière proactive depuis 15 ans et poursuit le combat tous les jours afin de garantir une reconnaissance et un maintien des droits sociaux pour ces femmes (surtout) et ces hommes qui diminuent leur temps de travail, voire suspendent leur activité professionnelle pour prendre soin d’un proche en situation de dépendance. Muriel Gerkens et sa collègue Groen Anne Dedry ont déposé des textes qui ont permis la reconnaissance d’un statut en 2014, mais qui a été vidé de tout contenu, à notre grande colère. Ce n’est qu’en ce mois d’avril 2019 que des votes ont enfin permis de consacrer un droit à la prise en compte de ces périodes pour le calcul de la pension et l’octroi d’une indemnité de base. Le combat pour des droits plus complets devra reprendre encore une fois en début de prochaine législature.

Au niveau régional, un boulot énorme de soutien aux aidants doit également se développer via le subventionnement des associations d’aidants afin qu’elles puissent organiser soutien psychologique et relationnel pour éviter épuisement, souffrance et maltraitances qui peuvent en résulter. Une résolution adoptée à la chambre en 2004 prévoyait 30 unités de répits pour enfants « dépendants » afin d’aider parents et aidants proches à « souffler » : cette mesure s’est concrétisée en Flandre, à Bruxelles mais toujours pas en Wallonie, alors qu’un projet est porté par des acteurs de terrain depuis plus de 5 ans. Tout est prêt, y compris l’évaluation budgétaire. Ecolo a la volonté politique de faire aboutir ce projet. Mais, et c’est indispensable, les aidants proches ne doivent jamais être celles et ceux qui remplaceront les aides, soins et services organisés. Ils ne peuvent non plus devenir celles et ceux qui effectueront les tâches que les professionnels de la santé ne voudront plus ou ne pourront plus assumer. Les pouvoirs publics et donc les acteurs politiques doivent assumer.