Constats

NOUS VIEILLIRONS ENSEMBLE :

QUELQUES CONSTATS SIMPLES

  • Les ressources des autres disciplines que la sienne propre sont indispensables. Il est même souvent requis de les utiliser de l’intérieur, de se les approprier, fût-ce partiellement. Cela demande du temps.  Du temps « gratuit » pour l’échange, l’explication, la compréhension.
  • Il nous semble impératif – et même d’une certaine urgence – de nous interroger collégialement sur lesimplications des recherches dans l’orientation des politiques et inversement. Ce constat vaut à tous les niveaux sociologiques : les effets de ce qu'il est convenu d'appeler la mondialisation, l’orientation économique – et sociale ? – de l’Europe, le poids des inerties du passé et la difficulté d'établir des projets à long terme dans les politiques de vieillissement;  enfin, les conditions concrètes des aides, services et prises en charge des citoyens âgés.
  • Beaucoup de recherches, actions, réflexions sont menées en Belgique. A l’image du pays lui-même et de ses institutions. Cela se passe. Abondamment. En ordre dispersé, vecteur sans doute de perspectives innovantes et imaginatives. Ceci ne devrait pas exclure une solide vue d’ensemble de « qui fait quoi » et des synergies possibles. Les chercheurs de tous horizons sont parfois mieux informés de ce qui se passe à l’autre bout du monde que dans la province voisine. Cela vaut aussi pour l’ensemble des questions de gouvernance, depuis le niveau décisionnel en politique jusqu’au citoyen soucieux d'agir en homme éclairé.
  • Nombre d’idées reçues et de faux savoirs circulent dans tous les cénacles à propos des vieillissements. Cela va de pair avec l’accroissement des craintes et l’exacerbation des préoccupations. La peur est mauvaise conseillère. Nous pensons que remettre les "problèmes" à leur juste place et les contextualiser offre plus de prise effective sur la réalité. De plus, la confusion des savoirs et des questions sociales oblitère la possibilité de cibler convenablement (et avec les moyens adéquats) les problématiques spécifiques du vieillissement : modes de vie, inégalités sociales, maladies du vieillissement, etc.
  • Enfin, un malaise diffus surplombe nos réflexions : celui d’une perception discontinue du temps. D’une part, on se préoccupe (un peu, beaucoup, tendrement, passionnément, à la folie, pas du tout…) « d’eux » (les vieux de maintenant)  comme s’il ne s’agissait pas des « nous » de demain.  Ce qui permet de et oblige à escamoter toute anticipation personnelle. D’autre part, il y a sur la rive droite les vieux d’aujourd’hui, dont il faut « faire quelque chose », et sur la rive gauche, en prospective, les vieux de demain dont on ne pourra rien faire, pense-t-on.
  • Outre qu’elle est autodestructrice, cette représentation normative est bien réelle puisqu’elle est là et agit. Elle ne repose cependant pas sur des faits. Ni sur un projet de société.

Dédramatiser les vieillissements en les inscrivant dans une dynamique réflexive et cohérente : telle est la perspective à laquelle nous souhaitons nous atteler. Nous la voudrions, si possible, paisible et tournée vers une vie de qualité au fil des âges et des temps de chacun. Ce pari requiert l'arrimage à des connaissances étayées en même temps que la prise en compte du pensable et du souhaitable dans les multiples terreaux et terrains de la société belge.