14 mai - VADA - Thibauld Moulaert

 

LES  VILLES-AMIES DES AÎNÉS : UN PROGRAMME INITIAL, UNE PLURALITÉ D'EXPÉRIENCES

 

Cette session est initiée par Thibauld Moulaert, membre du réseau BRAISES. Elle se déroule le mercredi 14 mai de 16 heures 30 à 18 heures. Nous développons ci-dessous les communications proposées par les orateurs qui ont accepté son invitation. 

Le programme de la session est disponible ici.

 

PRÉSENTATION 1 - L’APPORT DU DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS AUX PROJETS VILLES AMIES DES AÎNÉS AU QUÉBEC (CANADA)

Mario Paris, doctorant en gérontologie, Centre de recherche sur le vieillissement, Université de Sherbrooke, Québec, Canada

La démarche des Villes amies des aînés au Québec (VADA-QC) poursuit un modèle logique de programmation (Kaplan & Garrett, 2005). Chaque projet est dirigé par un comité de pilotage composé d’aînés et de représentants d’associations d’aînés, ainsi que de leaders et décideurs de la société civile, de l’administration publique et de la scène politique. L’implantation de VADA-QC comprend 3 étapes (Butterfoss, 2007) :

1) un diagnostic social des ressources communautaires et des besoins des aînés;

2) un plan d'action fondé sur un modèle logique; et

3) une mise en œuvre des actions réalisée par une concertation et une collaboration intersectorielle.

Le but de notre intervention est d’expliquer la démarche VADA-QC à partir de l’approche du développement des communautés. En effet, l’ensemble de la démarche VADA-QC s’inspire du développement des communautés. Celui-ci se base sur les capacités des individus à contribuer au développement et au mieux-être de leur communauté. Plus explicitement, le développement des communautés constitue une « forme d’action collective structurée sur un territoire donné qui, par la participation démocratique des citoyens et des acteurs sociaux, cible des enjeux collectifs reliés aux conditions et à la qualité de vie » (Bourque, 2008: 1). Ainsi, au moyen de cette approche, VADA-QC vise non seulement à recourir aux aptitudes et aux compétences des aînés, mais aussi à les reconnaître comme des membres à part entière de la communauté. Par le fait même, VADA-QC tend à rendre l’environnement social plus accessible, respectable et viable aux aînés (Garon et al., 2012) tout en les incluant dans l’espace social.

Références

Bourque, D. (2008). Concertation et partenariat. Entre levier et piège du développement des communautés. Québec: Presses de l’Université du Québec.

Butterfoss, F. D. (2007). Coalitions and Partnerships in Community Health. San Francisco: John Wiley & Sons.

Garon, S., Beaulieu, M., Veil, A., Paris, M., & Bigonnesse, C. (2012). L’expérience québécoise du programme « Villes-Amies des Aînés » de l’OMS : l’implantation dans sept projets-pilotes. In J.-P. Viriot-Durandal, C. Pihet, & P.-M. Chapon (Eds.), Les défis territoriaux face au vieillissement (pp. 69–88). Paris: Documentation française.

Kaplan, S. A., & Garrett, K. E. (2005). The use of logic models by community-based initiatives. Evaluation and Program Planning, 28(2), 167–172.

 

PRÉSENTATION 2 - VILLES ET COMMUNAUTÉS AMIES DES AÎNÉS : À LA RECHERCHE D’UN MODÈLE FRANÇAIS

Pierre-Marie Chapon, PHD, directeur de la recherche à Icade, enseignant-chercheur, Université Lyon 3 - UMR 5600 « Environnement, ville, société », référent pour la France du réseau OMS des villes et communautés amies des aînés et Pierre-Olivier Lefebvre, délégué général du réseau francophone des villes amies des aînés, conseiller technique sur la politique de l'âge au cabinet du sénateur-maire de Dijon et maire de Neuilly-lès-Dijon

Rejoignant le programme de l’organisation mondiale de la santé (OMS) « villes et communautés amies des ainés » en 2010, la France a longtemps cherché un modèle pertinent pour l’application et le déploiement du programme sur son territoire. En 2010 le gouvernement a lancé le label « bien vieillir, vivre ensemble » censé être la déclinaison française de la démarche. Si de nombreuses villes sont entrées dans le programme lors des sessions de 2010 et 2011, le manque de moyens mais surtout le décalage trop important entre la philosophie de l’OMS et l’application trop marketing sur le terrain se traduit aujourd’hui par l’arrêt du label par le nouveau gouvernement. En 2012, des villes françaises engagées et soutenues par l’OMS ont créé le Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés (RFVAA). La dynamique créée incite d’autres villes à rejoindre le mouvement et replace le vieillissement actif et les initiatives locales au cœur de la réflexion. Cette contribution visera à étudier la question de la gouvernance appliquée à la France, les enjeux de pouvoir entre le local et l’Etat mais aussi de comprendre quelles sont les meilleures échelles d’action et d’intervention pour appliquer le programme « villes et communautés amies des aînés » à travers la commune, l’intercommunalité et même les métropoles en cours de création.

 

PRÉSENTATION 3 - VILLES ET COMMUNAUTÉS AMIES DES AÎNÉS : DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE. COMPARAISON DE SIX VILLES FRANÇAISES

Juliette Duraffourg, diplômée du Master 2 « Vieillissement et Société », Université de Franche-Comté, Besançon Jean-Philippe Viriot Durandal, Chercheur GEPECS, Paris & Maître de Conférences HDR, Université de Franche-Comté, Besançon

Introduction Sur la base d’un mémoire de Master, nous présentons une comparaison des mises en œuvre locales dans six villes françaises de la démarche « Ville-amie des aînés » de l’Organisation Mondiale de la Santé. Le but de ce travail est de comprendre comment une démarche se voulant mondiale s’applique dans les réalités locales du contexte français. Contenu Méthodologiquement, nous avons étudié les aspects suivants dans chaque ville : origine de la volonté d’adhérer à la démarche, méthodes utilisées pour l’audit urbain (diagnostic), type(s) de public intégré(s) dans la démarche et enfin les liens entre la démarche VADA et les dispositifs existant avant VADA (notamment les schémas départementaux, le projet régional de santé ou divers documents de planification urbaine). Ensuite, nous recensons les premières réalisations dans chaque ville ainsi que les grands thèmes prioritaires retenus. En termes de résultats, nous insisterons certes sur l’importance d’une coordination solide entre les différents acteurs municipaux comme le suggère l’OMS, mais surtout sur le fait que cette démarche, pour fonctionner, se doit d’être « élargie » par rapport aux recommandations de base de l’OMS afin de prendre appui sur les forces et les réalités existant localement. Résumé Notre étude compare la manière dont six villes françaises se sont réapproprié la démarche mondiale « Villes-amies des aînés » de l’Organisation Mondiale de la Santé. Notre analyse démontre que, pour exister, une telle démarche se doit de prendre en compte les réalités pratiques et les dispositifs institutionnels existants au niveau municipal et régional. Au final, nous avons alors un outil comparatif pour mieux comprendre les freins et les leviers à la mise en place d’un processus de construction, d’évaluation et de recommandation en matière de gestion et d’adaptation des territoires au vieillissement.

 

PRÉSENTATION 4 - LA PARTICIPATION SOCIALE AU RISQUE DU POLITIQUE : ÉTUDE DE CAS AUPRÈS DE 12 « COMMUNES AMIES DES AÎNÉS » EN WALLONIE

Thibauld Moulaert et Geneviève Houioux, Observatoire de la Santé du Hainaut, Promotion Santé Seniors

Inspiré du programme de l’Organisation Mondiale de la Santé en faveur des « Villes-amies des aînés » (VADA), la Région Wallonne de Belgique a lancé en février 2012 un appel à projets en vue de promouvoir les « villes, communes, région amies des ainés » à l’occasion de l’Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité entre les générations. Parmi les 60 communes subventionnées durant une année (septembre 2012-septembre 2013), nous en avons sélectionné 12 sur la base de critères géographiques et d’implication de différents acteurs dans le projet afin d’obtenir une variété de configurations possibles ; dans chaque commune, nous avons interviewé au moins 1 acteur politique, 1 acteur administratif et 1 acteur administratif, pour un total de 42 individus.

En termes de résultats, nous présenterons :

  1. la distance paradoxale avec le cadre VADA et, malgré cela, de véritables pratiques de participation sociale des ainés via les « Conseils Consultatifs Communaux des Ainés » (CCCA) en particulier;
  2. en conséquence de cela, la place centrale jouée par les CCCA dans les projets et les rapports multiples qu’ils entretiennent tant avec le pouvoir politique qu’avec les acteurs administratifs ;
  3. enfin, une limite des projets observés concerne une grande variabilité dans leurs sources d’informations de base, la question d’un véritable diagnostic des besoins étant soulevées en conclusion.

En résumé, cette communication présente les résultats de 42 entretiens réalisés dans 12 communes ayant reçu un financement wallon dans l’esprit du programme VADA. La place des ainés, en particulier via les CCCA, met à l’épreuve la participation sociale au risque du politique.